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Marché des céréales L’orge au prix du blé !

© Philippe Roy

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Note baissière cette semaine sur le marché mondial en maïs, en soja et en blé. L’orge en revanche tire son épingle du jeu.

Blé : rude concurrence

Après le mouvement de recul de la semaine dernière, le marché mondial du blé a tenté un petit sursaut cette semaine qui a surtout concerné les origines mer Noire (+1 $/t pour les blés russes et ukrainiens). Ce mouvement est sans doute en lien avec les achats récents de l’Éthiopie et de la Jordanie et les appels en cours lancés par l’Algérie, la Turquie et la Tunisie.

Pas de grosse variation des prix français qui restent stables à 156,05 €/t rendu Rouen (base juillet) et gagne seulement 0,8 €/t sur l’échéance de décembre d’Euronext (à 160,25 €/t le 9 novembre).

Les blés européens, et français notamment, restent dans la course mais doivent se battre. Aujourd’hui, le blé argentin est très proche du blé français à destination de l’Algérie et la place sera difficile à défendre pour les blés de l’Hexagone. L’Argentine a déjà chargé 400 000 tonnes de blé vers l’Algérie contre presque rien à la même date l’an passé. Du côté égyptien, la Russie maintient sa suprématie, elle vient de remporter seule l’appel d’offres de cette semaine (120 000 tonnes). Pas d’offre pour du blé français lors de cet appel, la prime de risque continuant probablement d’être jugée trop élevée par les opérateurs malgré les garanties que l’Égypte a tenté d’apporter la semaine dernière.

Le rapport de l’USDA de cette semaine entérine des stocks mondiaux de blé très élevés et rajoute encore 1 million de tonnes (Mt) à la récolte russe (83 Mt). La situation mondiale reste lourde et l’Inde vient d’y contribuer en annonçant une remontée de sa taxe d’importation de 10 à 20 %. Peu de perspectives de hausse pour les prix, surtout pour ceux de l’UE qui ne peuvent se permettre de s’écarter de ceux de la mer Noire.

Orge : l’exportation soutient les prix

Les prix des orges fourragères sont en hausse cette semaine sur le marché français, affichant un gain de 2 €/t à Rouen (153,5 €/t) et de presque 6 €/t en Moselle (à 148 €/t). L’exportation tire les prix, la Jordanie et l’Algérie ayant acheté de l’orge cette semaine et le marché se prépare aussi à servir l’Arabie Saoudite qui a acheté 540 000 tonnes en octobre pour des livraisons à partir du 15 novembre. Les orges françaises sont maintenant beaucoup moins chères que les orges russes et ukrainiennes et cela renforce leur intérêt sur le marché mondial.

Sur le créneau brassicole, les prix sont au contraire orientés à la baisse pour les variétés de printemps qui ont abandonné 2 €/t cette semaine (à 196 €/t Fob Creil), avec un statu quo pour les orges d’hiver dans un marché sans grand mouvement.

Maïs : des rendements revus à la hausse aux USA

La récolte française est presque terminée et les très bons résultats se confirment. Les prix des maïs français ne varient pas beaucoup, restant stables en Fob Rhin (à 160 €/t) et gagnant 1 €/t sur la façade atlantique.

Sur le marché mondial les prix s’affichent en baisse au départ des USA et du Brésil (–2 à 3 $/t) et sont stables au départ de la mer Noire. Comme pour le soja, le rapport de l’USDA a apporté une note baissière hier. En effet, les rendements du maïs ont été révisés en forte hausse conduisant la récolte US à 370 Mt, un niveau inférieur à celui de l’an dernier mais très élevé néanmoins. Malgré les déboires ukrainiens, le marché mondial du maïs s’alourdit encore un peu plus.

L’USDA offre une douce froide au marché du soja

Aux USA, la récolte de soja est maintenant quasi terminée avec 92 % des champs coupés (85 % la semaine dernière). Les prix sur le marché de Chicago ont été orientés à la hausse toute la semaine, soutenus par des craintes d’une révision à la baisse du rendement US. Cependant, les cours se sont affaissés hier faisant suite à la publication du rapport mensuel de l’USDA, qui maintient ses estimations de rendements inchangées par rapport au mois dernier, avec une récolte à 120 millions de tonnes (Mt). De plus, les ventes US ralentissent fortement cette semaine, avec seulement 1,2 Mt vendues, du fait d’annulations importantes (environ 700 000 t) – signe d’un réveil des vendeurs brésiliens ?

L’agence brésilienne Conab a récemment publié son estimation de production, autour de 107 Mt. Bien qu’en retrait par rapport à l’an dernier, cette forte récolte et des stocks de départ élevés devraient permettre d’exporter plus que lors de la campagne précédente. La compétition avec les sojas US sera donc forte. Ainsi, le cours du soja US sur le marché à terme nord-américain perd cette semaine 5 $/t sur l’échéance de novembre 2017.

Les prix du colza poursuivent sur leur lancée haussière

Le prix du colza sur le marché français augmente de nouveau cette semaine. Le prix rendu Rouen progresse ainsi de 4 €/t, tandis que le colza Fob Moselle voit son prix croître de 7,5 €/t. Les cours sur Euronext augmentent pour leur part d’environ 4 €/t, à 383,5 €/t.

Les prix de l’huile sont stables par rapport à la semaine dernière, et la hausse des cours de la graine est plutôt liée à une tension sur le marché physique, avec notamment des difficultés sur les canaux du nord-ouest de l’UE qui desservent les Pays-Bas (ce qui profite au Fob Moselle). Par ailleurs, l’épuisement des disponibilités ukrainiennes et les inquiétudes sur la récolte australienne soutiennent les cours. Les premiers bateaux sont attendus dans les ports australiens, et le rythme de chargement sera clé pour l’éventuelle poursuite de ce mouvement haussier dans les prochaines semaines.

Le cours du canola canadien est quasi inchangé cette semaine, entre tension locale et baisse des cours du soja chez le voisin américain.

Le prix du tournesol est en hausse de 5 €/t cette semaine, à 325 €/t à Saint-Nazaire. Des marges de trituration très correctes soutiennent la demande industrielle.

Les tourteaux tiraillés

À la suite de la graine de soja, le tourteau de soja sur le CBOT perd environ 6 $/t. Au contraire, avec un léger recul de l’euro et une bonne demande locale, la cotation à Montoir gagne 3 €/t sur la semaine.

Le prix du pois fourrager est inchangé à 180 €/t départ Marne, tout comme le pois jaune rendu Rouen (à 197 €/t).

À SUIVRE : concurrence russe et argentine en blé, demande de l’Arabie en orge, semis de soja au Brésil et en Argentine, récolte et exportations de canola en Australie, taux de change.

Tallage

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